Le 5e dimanche de Pâques nous plonge dans les visions de l’Apocalypse de St Jean dont les textes ont marqué l’art religieux.

L’Apocalypse (« révélation » en grec), intervient au terme d’un cycle qu’illustrent 6 tapisseries du musée d’Angers, commandées par le duc Louis Ier d’Anjou au XIVe siècle. Elles ont été tissées en laine, d’un seul tenant, par le marchand licier parisien Nicolas Bataille d’après les cartons de Jean de Bruges, peintre et fresquiste flamand. C’est aujourd’hui un ensemble incomplet (couvrant 850 m² à l’origine) mais homogène dans sa composition, ses figures, alternant fonds bleu et rouge ; pourtant, chaque scène est originale. C’est le plus important ensemble de tapisseries médiévales au monde et trésor de la cathédrale! Après bien des usages malencontreux qui l’ont endommagée, elle fut retissée en partie au XIXe siècle et restaurée dans les années 1990, et se trouve désormais exposée dans une galerie spécialement conçue pour elle dans le château d’Angers, où température, hygrométrie, et éclairage font l’objet de toutes les attentions. En 2020, des fragments de la tenture ont été retrouvés dans une galerie parisienne et authentifiés…

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L’Apocalypse est si foisonnante que le récit est découpé en scènes mêlant fantastique et réalisme, se lisant comme une BD sur deux registres. La Jérusalem Céleste, symbole de l’alliance entre Dieu et l’humanité, est évoquée sur deux scènes de la 6ème tapisserie. La première illustre la descente de la ville dans une dominante bleue. Elle se réfère aux versets 19-22. A gauche, St Jean debout, son livre à la main, sur le seuil d’une architecture gothique, contemple la vision céleste : « Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s’est parée pour son épouxelle avait une grande et haute muraille » : une cité médiévale fortifiée, hérissée de tours, se détache sur un fond bleu profond tapissé de rinceaux végétaux ; les vagues de la mer serpentent au-dessous ; un paysage d’Eden, peuplé de rochers et d’arbres, entoure l’apparition de la ville qui semble flotter. Le style est proche des miniatures enluminées de l’époque ou de la « tapisserie de la Dame à la Licorne ». Le Christ émerge d’un nuage aux contours ondoyants, « crevant la toile » et laissant entrevoir un autre monde « Et j’entendis du trône une forte voix qui disait : voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! ». La nouvelle Jérusalem est somptueuse comme une mariée et étincelante comme les pierres précieuses. Ses dimensions sont parfaites, en accord avec le chiffre 12, et mesurables : elle est la cité idéale de Dieu -alpha et oméga de toutes choses-, qui rassemblera l’humanité pour y vivre l’éternité. « Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.. »      Laurence

Pour voir la tenture de l’Apocalypse en visite virtuelle :