Tout cela, je le fais à cause de l’Évangile (1 Corinthiens 9,23). Telle était la phrase des Écritures écrite sur le faire-part annonçant mon ordination diaconale. Cet Évangile n’est pas que la geste de Jésus, le récit du Fils de Dieu au milieu des hommes. Cet Évangile, c’est le Verbe de Dieu, Jésus lui-même bien vivant. Et tout ce que nous faisons, nous le faisons à cause de lui.

L’expression « à cause de » peut surprendre. Elle évoque une contrainte avec une connotation négative. Nous nous serions plutôt attendus à lire « en raison de » ou « grâce à » l’Évangile car il est la Bonne Nouvelle. Et pourtant, saint Paul a bien écrit « à cause de ».

L’Apôtre a voulu témoigner que l’Évangile est plus qu’une force. Pour celui qui lui donne sa foi, l’Évangile peut devenir une contrainte à faire le bien. Quand tout semble nous pousser à choisir une orientation, l’Évangile nous somme de demeurer dans la vérité et la charité, de rechercher la justice et la paix, d’anticiper les conséquences sur les plus fragiles. Il est le diapason du commandement de l’amour. Ainsi, au jardin de Gethsémani, Jésus consentit à faire la volonté du Père alors qu’il demandait que cette coupe s’éloigne de lui (cf. Marc 14,36). L’Évangile est puissance de Dieu qui nous pousse à choisir d’agir en son sens.

Le prophète Jérémie (20,9) décrit son action en lui : Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. » Mais « [la parole du Seigneur] était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la maîtriser, sans y réussir. »

Cette parole de Dieu est aussi l’ami importun qui vient bousculer notre sommeil pour frapper à la porte de notre cœur. Elle peut nous garder éveillés dans la nuit et nous nous retrouvons à lutter avec elle parfois jusqu’au matin comme Jacob avec l’ange (cf. Genèse 32,23-33). Alors elle laisse sa marque en nous et oriente nos jours.

Par nous, c’est à Puteaux que la parole de Dieu s’incarne. Cet Évangile, que nous cherchons encore à découvrir jusque dans la prière, nous pousse à témoigner à tous de sa puissance de vie ; puissance qui fait de chacun notre frère, en commençant par le plus fragile.

Père Hugues Morel d’Arleux