Né à Aoste, Italie, en 1033, ce saint est l’un des fondateurs de la théologie scolastique. Ce courant de pensée en fait l’un des Docteurs de l’Eglise comme l’ont été toute une série de penseurs et théologiens des premiers temps de l’église dite « primitive ». Canonisé en 1494, c’est le pape Clément XI qui en 1720 lui décerne ce titre. Moine bénédictin de l’abbaye normande du Bec, il est connu comme Anselme de Cantorbéry où il meurt en 1109. Il enseigne en présence de théologiens renommés comme le prieur Lanfranc ou Yves de Chartre.

Saint AnselmeIl est surnommé comme étant « le Docteur magnifique ». Son apport à la pensée théologique médiévale est essentiel, étant celui qui par son analyse et ses écrits – le Monologion et le Proslogion – permet de faire la jonction entre les apports de la philosophie grecque, notamment ceux d’Aristote et la pensée théologique de l’époque. Dans son premier ouvrage, il rédige en 1076 un traité de dialectique appliqué à la théologie s’appuyant sur l’exégèse (autorité des textes et de la Révélation) qu’il complète en 1077 par son deuxième écrit où il utilise les arguments de la logique pour traiter l’existence de Dieu. Pour lui, la foi fonde la raison.

Devenant abbé de l’abbaye du Bec en 1078, il fonde le prieuré de Conflans-Saint-Honorine, confirme la fondation de l’abbaye de Troarn voulue par Guillaume le Conquérant qui lui avait remis sa crosse d’abbé.

Appelé par Hugues le Loup, vicomte d’Avranches, en Grande Bretagne, il réorganise l’église du Pays-de Galle selon les préceptes de la réforme grégorienne qui visent à faire du curé la pièce maîtresse des paroisses et à permettre à l’évêque diocésain de pouvoir exercer une autorité religieuse sur ce dernier, mettant fin à aux abbés itinérants de l’Eglise celtique.

Appelé par le roi d’Angleterre Guillaume II le Roux qui succède à son père, Guillaume le Conquérant, Anselme devient archevêque de Cantorbéry en 1093 tout en refusant d’être nommé par le roi, n’acceptant que la nomination par le Pape. En cela, il met en pratique un point central de la réforme grégorienne qui vise à libérer l’Eglise de l’emprise du pouvoir temporel représenté par les rois, les princes qui veulent avoir des prélats « à leurs mains ».

Saint AnselmeS’ensuit toute une série de négociations dans le cadre du concile de 1095 à Rockingham, permettant de trouver une voie médiane : le pape nomme et le roi valide les investitures, avec la possibilité de mettre son véto. Cet arrangement n’a pas tenu et provoque l’exil d’Anselme. Il revient avec le nouveau roi Henri I° en 1 100 qui signe la charte des libertés allant dans le sens souhaité par Anselme. En 1102, par le concile de Westminster, il fait adopter la réforme grégorienne par l’Eglise anglaise, assoit l’autorité de celle-ci sur le Pays-de-Galle et l’Irlande. Après de nouveaux rebondissements entre Anselme et le roi Henri qui conteste l’arrangement trouvé, il faut attendre la signature du concordat de Laigle en 1106 pour qu’un compromis soit définitivement adopté. Ces querelles sur les investitures des hommes d’église s’expliquent par les conflits sur ce sujet entre les papes, les empereurs du Saint Empire germanique et des antipapes ; présence de ces derniers  qui ne fait que rendre plus compliquée la situation.

Il fait de la cathédrale de Cantorbéry la plus grande du royaume en faisant entreprendre des travaux sur une durée de 10 ans.

Il ressort qu’Anselme est à la fois un théologien de renom, un organisateur persévérant, un défenseur convaincu des réformes comme celle mis en avant par le pape Grégoire VII et un politique en mesure de tenir tête aux rois, à certains ecclésiastiques.

E.M.