Décharges et abandons sauvages sur les plages ou dans les jardins : les déchets témoignent d’une perte de relation de l’homme avec son environnement. Parmi les rebuts, le verre peut retrouver un usage vertueux dans l’économie grâce au recyclage. Mais au-delà d’une consommation raisonnée des matériaux, des artistes contribuent à magnifier la matière. Marc Coville fait partie de ces « alchimistes » qui donnent une seconde vie aux rebuts : « J’aime aller chercher les choses qui sont fichues et les remettre dans le circuit » dit-il. Ce faisant, il accompagne le chemin de réconciliation de l’individu avec Dieu et le monde qui l’accueille. Dans son exhortation Laudate Deum, le pape François écrit : L’univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier, il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin… », alors pourquoi pas dans une plaque de verre riche des propriétés dont la Création l’a pourvue ?

Dessinateur, décorateur, Marc Coville travaille les matériaux de récupération. Et surtout depuis 1980, le verre. Il s’est inspiré de la Création : le jardin d’Eden, la Vierge, les anges, la symbolique du poisson. Ses œuvres d’art sacré ont été exposées récemment dans des sites religieux désacralisés : la Chapelle des Jésuites de Cambrai et l’ancien centre de formation jésuite de Fourvière à Lyon (scolasticat) aujourd’hui musée d’art sacré.  Des lieux d’histoire où se révèle la magie du verre : jeux de couleurs, opacité et transparence, ombre et lumière. Quelques 50 Vierges à l’enfant grandeur nature, -produites en série mais toutes différentes- scintillent au gré des effets de lumière projetés. Un banc suspendu de 30 000 poissons de verre et de miroirs reliés entre eux cliquettent imperceptiblement sous l’effet de ventilateurs. Une nuée céleste de 600 angelots suspendus virevoltent dans la nef. Que d’observation et de travail minutieux pour la réalisation : 15 années de travail de l’artiste, 3 semaines d’installation ! Il confie : « Il ne s’agit pas d’être le meilleur du monde. Il s’agit d’être le meilleur de soi-même ». Notre regard émerveillé interagit avec ses œuvres. De verre ou de métal, elles portent la marque de la création : polies, taillées, frappées, ciselées, oxydées.

L’exposition de Lyon a aussi tissé un lien de solidarité : une part des gains est versée à « Amour sans frontière », une ONG inspirée par les préceptes d’entraide de Mère Teresa. En Afrique subsaharienne 8 nouveaux forages et 4 écoles pourront être réalisés.

Marc Coville explique sa démarche: «Les églises sont magnifiques mais les gens n’entrent plus les visiter. Mon but était de les faire venir dans les églises afin qu’ils découvrent des œuvres d’art ».

Laurence