Albert, du germanique « al » tout, et « berht » brillant, illustre, naît aux environs de 1200, à Lauingen, dans une famille noble de Bavière.

Jeune, il est envoyé étudier à Padoue, puis à Bologne et Venise. Étudiant brillant, il est vite chargé d’enseignements tout en poursuivant ses recherches personnelles. Plongé dans l’étude approfondie de la théologie, il éprouve des difficultés et des doutes mais sa grande dévotion à la Vierge Marie, qu’il n’abandonne jamais, lui permet de renouer avec les fondements de sa foi. 

Entré en contact avec les Dominicains, il comprend avoir trouvé sa vocation. Il rejoint cet ordre où il est accueilli directement par le successeur immédiat de saint Dominique, Jourdain de Saxe. Ce dernier l’envoie à Cologne, puis à Paris où, occupant la chaire de théologie, il enseigne sur la colline Sainte-Geneviève. Là, il rencontre son élève le plus doué, Thomas d’Aquin, qu’il emmène avec lui à Cologne, où il est rappelé par son ordre pour y fonder un institut de théologie (1248). Dès lors, son aura est telle qu’il reçoit de son vivant le qualificatif de « grand ».  Albert est passionné par l’enseignement par lequel il tente la synthèse entre les sciences, la sagesse humaine et l’intelligence de la foi. Grand lecteur des auteurs de l’Antiquité, dont Aristote, il établit un lien entre la conception antique de l’âme et la doctrine chrétienne. Il établit que l’âme, mise par Dieu dans l’obscurité de l’être humain, s’exprime à travers la connaissance, activité complexe et merveilleuse qui révèle sa nature et son origine divine. Établissant la synthèse entre la sagesse des saints, le savoir humain et la science de la nature, Albert imprime une orientation mystique à l’Ordre de saint Dominique. Thomas d’Aquin, fidèle disciple, l’accompagne dans ces recherches philosophico-théologiques.

Lors du chapitre général des Dominicains qui se déroule en 1250 à Valenciennes, Albert élabore, avec Thomas, des normes pour la direction des études et pour la détermination du système de mérites au sein de l’ordre. Ses travaux étant reconnus, il est élu provincial d’Allemagne en 1254 et doit quitter l’enseignement. Avec cette charge, il se rend à Rome pour défendre les droits du Saint Siège et des religieux mendiants au consistoire d’Anagni. Impressionné, le Pape le retient dans la ville, et lui confie une chaire à l’université pontificale. En 1260, le Pape nomme Albert évêque de Ratisbonne, en Bavière. Habitués à un prince-évêque, les habitants de la ville surnomment « godasse » cet évêque toujours mal chaussé. En 1274, voulant revenir à ses études, il obtient du Pape Grégoire X de participer au second concile de Lyon. Il défend, aux côtés du franciscain Bonaventure, le droit des ordres religieux à enseigner dans les universités.

De retour de Lyon, il apprend la mort de Thomas. C’est un coup dur pour Albert, qui l’aime comme un fils. Il déclare : « La lumière de l’Église s’est éteinte ». Il demande alors avec insistance à Urbain IV d’être exonéré de la charge pastorale pour se retirer à Cologne. Le Pape accepte. Plongé dans l’écriture et la prière, Albert s’éteint le 15 novembre 1280. 

Il laisse une œuvre écrite considérable, à la fois philosophique et théologique, qui embrasse tout le savoir humain de son temps, en faisant référence, entre autres, aux œuvres d’Aristote. Ce dernier point est important car il faut se souvenir qu’au XIIIème siècle la lecture publique des écrits du grand penseur de l’Antiquité grecque est interdite par l’Église, notamment parce qu’ils arrivent en Occident par l’intermédiaire des Arabes.

Albert est canonisé en 1931 par Pie XI qui le proclame aussi Docteur de l’Église et, dix ans plus tard, Pie XII le déclare patron des chercheurs en sciences naturelles.

« Seigneur Jésus-Christ, écoutez la voix de notre douleur. Dans le désert des pénitents, nous crions vers vous pour n’être pas séduits par de vaines paroles tentatrices sur la noblesse de la famille, le prestige de l’ordre, le brillant de la science. » (Prière de saint Albert). Raymond