Le 22 septembre dernier, le pape François a prié dans la basilique Notre-Dame-de-la-garde de Marseille la « cité phocéenne » (fondée par des Grecs en -600 av. J.C.) Un choix symbolique à plus d’un titre : une ville cosmopolite par excellence, un appel à plus de fraternité auprès de la statue de la  « Bonne Mère » accueillante face à la mer, et un message d’alerte sur le sort des migrants dans un recueillement interreligieux réunissant les représentants de tous les cultes présents à Marseille.

La basilique offre un balcon de choix s’ouvrant sur la ville, son port, et les îles. De chaque côté du crucifix de l’escalier perché sur un éperon rocheux, une plaque rappelle d’un côté « tous les naufragés ensevelis dans le linceul des flots » et de l’autre les « enfants de Marseille morts pour la patrie ». Au départ, les plaques évoquaient plutôt les marins naufragés, ou soldats. D’ailleurs, un autre site de Marseille commémore aussi les héros et victimes de la mer dans le jardin du Palais du Pharo : un monument de bronze spectaculaire mettant en scène 3 marins sur une barque, l’un debout lève le bras et soutient le deuxième marin, tandis que le troisième, noyé, est emporté par une vague (1924).

Mais au bout de l’esplanade de la Bonne Mère, toute autre est la modeste stèle qui honore depuis 2008 les disparus en mer. Jésus y figure, en barque, sur le lac de Tibériade, entouré de disciples inquiets. La croix camarguaise qui domine la stèle est un symbole apparu dans les années 1920 pour symboliser la nation camarguaise. Très populaire, elle s’est finalement imposée en plusieurs sites provençaux. Elle symbolise les 3 vertus chrétiennes : la croix et ses tridents de gardians, la foi ; l’ancre des pêcheurs, l’espérance ; et le cœur, la charité des Saintes Maries arrivées en bateau. Sur la plaque de marbre, quelques noms de victimes, mais une phrase ajoutée en 2010 résume l’ampleur de la crise migratoire:  « Aux péris en mer, victimes de l’immigration clandestine ». Laurence